Us et Coutumes Parrcide 1698 Au couvent 1882 Thénières : les voleurs Thénières : La milice Déflorations Chien enragé
| |
La justice de la Seigneurie de Thénières -2-
Tirage au sort de Miliciens…en 1757
Raymond Rouquette nous liste des
extraits d'enquêtes de Justice (certificats médicaux…) réalisées à la suite à de
représailles qui ont eu lieu à Graissac (encore !) en 1757, pour tentatives de
soustraction d'individus pour le tirage au sort de la Milice.
Auparavant, Raymond nous précise
ce qu'était la MILICE.
|
La milice a été créée
en 1688, sur une idée de Louvois. Sur Montauban, 4 régiments de milice
ont été mis en place. |
Dans les paroisses désignées par
l'intendant on procédait par élection à la désignation d'un milicien, lequel
était élu pour 2 ans.
Puis rapidement -face aux manques de candidatures ! -
dès 1690 on procéda par tirage au sort…
Contre versée et coûteuse la milice disparue en 1697…
avant de réapparaître en 1701.
De 1708 à 1712 on pouvait même s'émanciper de cette
organisation en acquittant un impôt.
La milice disparaît à nouveau en 1726....
pour se transformer en armée de réserve.
C'est ainsi qu'il advint en 1757, un tirage au sort pour
obtenir des miliciens de la Haute Viadène lesquels seront exclusivement de la
paroisse d'Alpuech.
Pour ce recrutement obligatoire, les garçons de Graissac
furent volontairement absents !
Il résulta une descente à Graissac sous forme de
représailles afin de recueillir de l'argent pour les malheureux élus ….. ou
pour qu'un habitant de ce lieu soit désigné ….
Sanglante bagarre
Défilé de témoins appelés en Justice, avec en finale de
l'enquête la conduite à la prison du Château de Thénières de l'un de ces
fauteurs de troubles.
Le prisonnier s'échappe et les habitants de Saintignac
furent même témoins de cette évasion.
Quelques extraits des enquêtes de Justice :
|
11.02.1757 : extrait acte médical pour Guillaume
Volpelier, paysan de Graissac |
Nous, François Martin maître en
chirurgie du lieu de Ste Geneviève certifions que le 28 janvier dernier
avons été appelés par Guillaume Volpelier -paysan de Graissac- où étant
arrivés à sa maison l'avons trouvé couché dans un lit, le visage et la tête
toute ensanglantée. Et après l'avoir visité, lui avons trouvé une plaie de
figure triangulaire au visage sous l'œil gauche qui nous a paru avoir été
faite par un coup de bourrade… de fusil ou un instrument semblable, puis lui
avons trouvé à la partie supérieure de la tête, sur le sourcil gauche une
autre plaie d'environ un pouce de diamètre qui nous a paru avoir été faite
par un coup contendant comme pierre, bâton, ou autres instruments
semblables.
Puis le malade s'est plaint d'une grande douleur à la
partie gauche de la poitrine, que nous avons visitée et avons cru y
apercevoir une contusion faite par un coup de pointe fixée au bout de
quelque instrument contondant, comme bâton…
|
11.02.1757 : extrait acte médical pour Etienne
Volpelier, garçon de Graissac |
Nous François Martin,
certifions……..avons visité Etienne Volpelier fils de Guillaume Volpelier….
Plaie au visage… gonflement considérable sur le dos de la main droite...
|
11.02.1757 : extrait acte médical pour Guillaume
Agrifoul, garçon de Graissac |
Nous François Martin… avons trouvé ledit Agrifoul
couché dans un lit de la cuisine tout ensanglanté… lui ayant trouvé à la
partie supérieure et moyenne de la poitrine côté droit plusieurs blessures
faites par un coup d'arme à feu, et après plusieurs dilatations en avons
tiré plusieurs grains de plomb, fer, et même une pièce de fer d'une figure
irrégulière. Une plaie à côté du mamelon droit faite par un grain de plomb
ou de fer que nous n'avons pu tirer ou trouver y ayant une hémorragie.
Que nous sentons avoir pénétré dans la capacité de la
poitrine, attendu la difficulté de respirer, la toux, la pesanteur, la
difficulté de se pouvoir mouvoir et le crachement de sang.
Ladite arme à feu ayant "intéressé" la partie
supérieure du bras droit.
La triste situation de ce blessé….. ne pouvant encore
donner un pronostic….
Signé : Martin, chirurgien juré
Et commencèrent les
assignations en Justice pour témoigner…
|
12.02.1757 : extrait assignation à témoin |
Certifie Jean-Antoine Dangles,
baille immatriculé de la justice ordinaire de Thénières et Bénaven demeurant
à St Symphorien….. soussigné avoir donné assignation à Antoine Cabanettes
-travailleur- , à Françoise Besombes -veuve de J. Pélamourgue- … Antoine
Mestre , Catherine Dangles, Jean Rieu, André Baldin .. tous habitants du
lieu de Graissac à comparaître ce jourd'huy à 9 heures du matin par-devant
maître Joseph Valadier, avocat en parlement habitant au village de Pauhlac …
aux fins de venir jurer et porter témoignages de vérité sur ce qu'ils seront
interrogés. A eux adjoint d'y satisfaire sous peine de 10 livres d'amende….
Signé Dangle.
|
13.02.1757 : extrait assignation à témoin |
Certifié Pierre Brieu, baille immatriculé en la justice
ordinaire de l'Albaret et Cantoinet, demeurant au lieu de St Symphorien,
soussigné à la requête du procureur fiscal …. Avoir donné assignation au
sieur Amans Bosc -bourgeois- à Jean Pézet -brassier- à maître Gervais Coussé
-prêtre prieur et curé du village de Graissac…. Aux fins de venir jurer… et
porter témoignages .. sous peine de 10 livres d'amende…
Signé Brieu et Dubor, procureur fiscal.
… les gars de la
montagne ne se faisaient pas de cadeaux…
A vous Messieurs les officiers de Thénières et de
Bénaven
… le 28ème jour de janvier dernier, sur l'heure
de midi les nommés
Jean Vayssière , Valenq , le fils aîné d'Albouse , Pierre
Bongrand, le nommé "filiassou", Antoine Gaillac, Pierre Cros et autres
habitants du lieu d'Alpuech …au nombre de 13 ou 14 garçons armés.
Vaysiière Albouse et Bongrand ayant chacun un fusil. Les
autres ayant pistolets, épées et gros bâtons
Se transportèrent au lieu de Graissac, où étant arrivés
entrèrent dans l'écurie de Guillaume Volpelier laquelle était alors occupée avec
son fils à réparer ses outils oratoires dans ladite écurie.
Certains d'eux ayant saisi au collet le susdit Volpelier
père en lui disant "Tu es mort"de quoi ledit Volpelier surpris
s'enfuit…les susnommés l'ayant poursuivi le rejoignant sur la place de Graissac…
lui donnèrent plusieurs bourrades sur les côtes … de façon que le nommé Pierre
Bongrand broya le bois de son fusil sur le corps dudit Volpelier. Ceux armés de
bâtons donnèrent des coups desquels Volpelier fut renversé par terre et reçu
encore de nouveaux coups.
Il était tout ensanglanté du sang qui en coulait,
qu'Etienne Volpelier le fils ayant accouru au secours de son père, ayant voulu
demander aux susnommés la raison pour laquelle ils traitaient de la sorte son
père. Ceux-ci répondirent que par des traitements aussi cruels que ceux qu'ils
venaient d'exercer sur le père. Les Volpelier s'étant mis à crier des "Au
secours, on nous assassine", certains habitants -hommes, femmes ou filles- ayant
entendu ce bruit…et notamment Guillaume Agriffoul étant sortis sur la porte de
leurs maisons voisines de la place. Ayant voulu aller secourir sans arme pour
tâcher de dégager les Volpelier… alors le nommé Jean Vayssière lâcha un coup de
fusil où ledit Agriffoul a été dangereusement blessé à la poitrine, et ayant
voulu se relever, tomba à terre et à quelque distance tomba comme mort.
Un second coup de fusil est alors lâché par Jean Albouse où
il y eut plusieurs blessés. Les habitants d'Alpuech se sont retirés et
abandonnèrent les Volpelier.
Cependant, voyant qu'on ne les poursuivait pas -étant à
quelque distance de Graissac- ils s'arrêtèrent et rechargèrent
leur fusil. Sachant qu'ils les présenteraient si nécessaire contre les habitants
de Graissac.
C'est alors que Pierre et Charles Mestre passant près de
cet endroit, allant chercher du bois, se firent courser par les habitants d'Alpuech.
Afin de leur échapper, les frères Mestre ont dû abandonner leurs bœufs et
charrette, lesquels par rage et dépit furent pillés par les attaquants.
Arriva un nommé Jean Arribat, venant du moulin de Faulat.
Les habitants d'Alpuech voulurent le tuer pour avoir raison des affronts qu'ils
venaient de recevoir des habitants de Graissac. Ledit Arribat, surpris arriva à
les convaincre qu'il n'était lui-même pas la cause de leurs affronts, et pu
ainsi passer. Les habitants d'Alpuech se retirèrent et se rendirent au village
de Niergour, disant qu'ils venaient de Graissac où ils y avaient donné des coups
et tiré des coups de fusils…en expliquant qu'ils s'étaient rendus là pour
prendre et lever de l'argent pour donner à leur milicien…
Mais doutant que des actes aussi
téméraires sont plus contraires au repos de la tranquillité publique, et aux
règlements…mérite une punition exemplaire.
Témoignages recueillis sous serment par l'avocat Joseph
Valadier de Paulhac, et Maître Jean Rouquette, notaire Royal
Témoins de l'affaire :
- Antoine
Cabanette -
Jean Pezet
- Françoise
Besombes -
le prêtre, curé de Graissac
- Antoine
Mestre -
le vicaire de Graissac, Maître Jean Besombes
- Catherine
Dangles
- Jean Rieu
Tous raconteront ce qu'ils ont vu et entendu
concernant cette affaire.
|
|
|
Issue de l'affaire : Décret de prise de
corps du 4 août 1757, envers Gabriel Vayssière
Gabriel Vayssière -bourgeois- fût arrêté
le 29 août 1757 au point du jour, avec fraction des portes de sa
maison par 4 cavaliers de la maréchaussée de la brigade de
Mur-de-Barrez. Il a été conduit à la prison de Thénières sans même
qu'il eut copie du décret, ou qu'on ait procédé à son
interrogatoire…
Le lendemain, le 30 août 1757, eut lieu son
interrogatoire (où il affirma qu'il était allé à Graissac pour
prendre un milicien absent au tirage au sort…mais qu'il n'a lui,
tiré aucun coup de fusil…)
A peine 3 jours plus tard, ledit Vayssière
emprisonné s'est évadé des prions de Thénières.
Etant entré dans ledit Château, Joseph Martin,
geôlier des prisons a dit "Que la clé de la première porte étant "foirée"
A ne pouvoir l'ouvrir, il a mis ledit Vayssière
dans une chambre du Château. Et qu'ayant été obligé hier après-midi
de sortir, et ayant fermé le tout à clé, Vayssière pendant son
absence serait descendu par la fenêtre de la chambre au moyen d'une
corde….Corde qui effectivement traversait l'embrasure de la fenêtre,
attachée par 3 nœuds. La corde rejoignait le rez-de-chaussée, la
fenêtre étant a à peu près 4 cannes
de hauteur.
Et l'affaire rebondie, il y eut des témoins de
cette évasion !
-
Antoine Goutal : …ni parent -ni allié- ni serviteur ou
domestique d'aucune des parties…vers 2 heurs de l'après-midi, étant
sur la porte de chez son père, il vit un homme qu'il ne reconnut pas
qui descendit d'une fenêtre du Château, et par sa façon de
descendre, il comprit qu'il descendait au moyen d'une corde…
-
Antoinette Goutal : … sœur du précédent …même déposition, en
précisant homme habillé de minime
-
Marie Entraygues … même déposition que précédemment
La fin de "l'histoire" est un peu décevante, le lecteur restera sur
sa fin !
En effet, concernant les autres attaquants, il
est simplement mentionné que ceux-ci firent leurs interrogatoires
(le 14 septembre, puis le 22 …), mais avec leurs jurements
habituels, ils dénièrent fermement certains faits à eux reprochés.
Concernant le prisonnier évadé… il disparut
dans la nature …
Par cette
histoire, Raymond Rouquette a souhaité nous proposer certes, une
affaire de Justice -suite à bagarre entre 2 villages- mais aussi et
surtout, il a voulu présenter un fait divers à Thénières.
Preuve qu'il y avait
en ce lieu une réelle vie de Château, témoignages à l'appui.
R.Rouquette
FA -52-53-54-55-59-
|
|