Thénières : La milice
 

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La justice de la Seigneurie de Thénières -2-

Tirage au sort de Miliciens…en 1757

   

Raymond Rouquette nous liste des extraits d'enquêtes de Justice (certificats médicaux…) réalisées à la suite à de représailles qui ont eu lieu à Graissac (encore !) en  1757, pour tentatives de soustraction d'individus  pour le  tirage au sort de la Milice.

Auparavant, Raymond nous précise ce qu'était  la MILICE.

   

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La milice a été créée en 1688, sur une idée de Louvois. Sur Montauban, 4 régiments de milice ont été mis en place.

Dans les paroisses désignées par l'intendant on procédait par élection à la désignation d'un milicien, lequel était élu pour 2 ans.

Puis rapidement -face aux manques de candidatures ! - dès 1690 on procéda par tirage au sort…

Contre versée et coûteuse la milice disparue en 1697… avant de réapparaître en 1701.

De 1708 à 1712 on pouvait même s'émanciper de cette organisation en acquittant un impôt.

 

La milice disparaît à nouveau en 1726.... pour se transformer en armée de réserve.

 

 

C'est ainsi qu'il advint en 1757, un tirage au sort pour obtenir des miliciens de la Haute Viadène lesquels seront exclusivement de la paroisse d'Alpuech.

Pour ce recrutement obligatoire, les garçons de Graissac furent volontairement absents !

 Il résulta une descente à Graissac sous forme de représailles afin de recueillir de l'argent pour les malheureux élus  ….. ou pour qu'un habitant de ce lieu soit désigné ….

 Sanglante bagarre

 Défilé de témoins appelés en Justice, avec en finale de l'enquête la conduite à la prison du Château de Thénières de l'un de ces fauteurs de troubles.

Le prisonnier s'échappe et les habitants de Saintignac furent même témoins de cette évasion.

 

Quelques extraits des enquêtes de Justice :

 

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11.02.1757 : extrait acte médical pour Guillaume Volpelier, paysan de Graissac

Nous, François Martin maître en chirurgie du lieu de Ste Geneviève certifions que le 28 janvier dernier avons été appelés par Guillaume Volpelier -paysan de Graissac- où étant arrivés à sa maison l'avons trouvé couché dans un lit, le visage et la tête toute ensanglantée. Et après l'avoir visité, lui avons trouvé une plaie de figure triangulaire au visage sous l'œil gauche qui nous a paru avoir été faite par un coup de bourrade… de fusil ou un instrument semblable, puis lui avons trouvé à la partie supérieure de la tête, sur le sourcil gauche une autre plaie d'environ un pouce de diamètre qui nous a paru avoir été faite par un coup contendant comme pierre, bâton, ou autres instruments semblables.

Puis le malade s'est plaint d'une grande douleur à la partie gauche de la poitrine, que nous avons visitée et avons cru y apercevoir une contusion faite par un coup de pointe fixée au bout de quelque instrument contondant, comme bâton…

 

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11.02.1757 : extrait acte médical pour Etienne Volpelier, garçon de Graissac

Nous François Martin, certifions……..avons visité Etienne Volpelier fils de Guillaume Volpelier…. Plaie au visage… gonflement considérable sur le dos de la main droite...

 

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11.02.1757 : extrait acte médical pour Guillaume Agrifoul, garçon de Graissac

 

Nous François Martin… avons trouvé ledit Agrifoul couché dans un lit de la cuisine tout ensanglanté… lui ayant trouvé à la partie supérieure et moyenne de la poitrine côté droit plusieurs blessures faites par un coup d'arme à feu, et après plusieurs dilatations en avons tiré plusieurs grains de plomb, fer, et même une pièce de fer d'une figure irrégulière. Une plaie à côté du mamelon droit faite par un grain de plomb ou de fer que nous n'avons pu tirer  ou trouver y ayant une hémorragie.

Que nous sentons avoir pénétré dans la capacité de la poitrine, attendu la difficulté de respirer, la toux, la pesanteur, la difficulté de se pouvoir mouvoir et le crachement de sang.

Ladite arme à feu ayant "intéressé"  la partie supérieure du bras droit.

La triste situation de ce blessé….. ne pouvant encore donner un pronostic….

 

Signé : Martin, chirurgien juré

 

Et commencèrent les assignations en Justice pour témoigner…

 

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  12.02.1757 : extrait  assignation à témoin

Certifie Jean-Antoine Dangles, baille immatriculé de la justice ordinaire de Thénières et Bénaven demeurant à St Symphorien….. soussigné avoir donné assignation à Antoine Cabanettes -travailleur- , à Françoise Besombes -veuve de J. Pélamourgue- … Antoine Mestre , Catherine Dangles, Jean Rieu, André Baldin .. tous habitants du lieu de Graissac à comparaître ce jourd'huy à 9 heures du matin par-devant maître Joseph Valadier, avocat en parlement habitant au village de Pauhlac … aux fins de venir jurer et porter témoignages de vérité sur ce qu'ils seront interrogés. A eux adjoint d'y satisfaire sous peine de 10 livres d'amende….

Signé Dangle.

  

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13.02.1757 : extrait assignation à témoin

 

Certifié Pierre Brieu, baille immatriculé en la justice ordinaire de l'Albaret et Cantoinet, demeurant au lieu de St Symphorien, soussigné à la requête du procureur fiscal …. Avoir donné assignation au sieur Amans Bosc -bourgeois- à Jean Pézet -brassier- à maître Gervais Coussé -prêtre prieur et curé du village de Graissac…. Aux fins de venir jurer… et porter témoignages .. sous peine de 10 livres d'amende…

Signé Brieu et Dubor, procureur fiscal.

 

  … les gars de la montagne ne se faisaient pas de cadeaux…

   A vous Messieurs les officiers de Thénières et de Bénaven

 … le 28ème jour de janvier dernier, sur l'heure de midi les nommés

Jean Vayssière , Valenq , le fils aîné d'Albouse , Pierre Bongrand,  le nommé "filiassou", Antoine Gaillac, Pierre Cros et autres habitants du lieu d'Alpuech …au nombre de 13 ou 14 garçons armés.

Vaysiière Albouse et Bongrand ayant chacun un fusil. Les autres ayant pistolets, épées et gros bâtons

Se transportèrent au lieu de Graissac, où étant arrivés entrèrent dans l'écurie de Guillaume Volpelier laquelle était alors occupée avec son fils à réparer ses outils oratoires dans ladite écurie.

Certains d'eux ayant saisi au collet le susdit Volpelier père en lui disant "Tu es mort"de quoi ledit Volpelier surpris s'enfuit…les susnommés l'ayant poursuivi le rejoignant sur la place de Graissac… lui donnèrent plusieurs bourrades sur les côtes … de façon que le nommé Pierre Bongrand broya le bois de son fusil sur le corps dudit Volpelier. Ceux armés de bâtons donnèrent des coups desquels Volpelier fut renversé par terre et reçu encore de nouveaux coups.

Il était tout ensanglanté du sang qui en coulait, qu'Etienne Volpelier le fils ayant accouru au secours de son père, ayant voulu demander aux susnommés la raison pour laquelle ils traitaient de la sorte son père. Ceux-ci répondirent que par des traitements aussi cruels que ceux qu'ils venaient d'exercer sur le père. Les Volpelier s'étant mis à crier des "Au secours, on nous assassine", certains habitants -hommes, femmes ou filles- ayant entendu ce bruit…et notamment Guillaume Agriffoul étant sortis sur la porte de leurs maisons voisines de la place. Ayant voulu aller secourir sans arme pour tâcher de dégager les Volpelier… alors le nommé Jean Vayssière lâcha un coup de fusil où ledit Agriffoul a été dangereusement blessé à la poitrine, et ayant voulu se relever, tomba à terre et à quelque distance tomba comme mort.

Un second coup de fusil est alors lâché par Jean Albouse où il y eut plusieurs blessés. Les habitants d'Alpuech se sont retirés et abandonnèrent les Volpelier.

Cependant, voyant  qu'on ne les poursuivait pas -étant à quelque distance de Graissac- ils s'arrêtèrent et rechargèrent leur fusil. Sachant qu'ils les présenteraient si nécessaire contre les habitants de Graissac.

C'est alors que Pierre et Charles Mestre passant près de cet endroit, allant chercher du bois, se firent courser par les habitants d'Alpuech. Afin de leur échapper, les frères Mestre ont dû abandonner leurs bœufs et charrette, lesquels par rage et dépit furent pillés par les attaquants.

Arriva un nommé Jean Arribat,  venant du moulin de Faulat. Les habitants d'Alpuech voulurent le tuer pour avoir raison des affronts qu'ils venaient de recevoir des habitants de Graissac. Ledit Arribat, surpris arriva à les convaincre qu'il n'était lui-même pas la cause de leurs affronts, et pu ainsi passer. Les habitants d'Alpuech se retirèrent et se rendirent au village de Niergour, disant qu'ils venaient de Graissac où ils y avaient donné des coups et tiré des coups de fusils…en expliquant qu'ils s'étaient rendus là pour prendre et lever de l'argent pour donner à leur milicien…

Mais doutant que des actes aussi téméraires sont plus contraires au repos de la tranquillité publique, et aux règlements…mérite une punition exemplaire.

Témoignages recueillis sous serment par l'avocat Joseph Valadier de Paulhac, et Maître Jean Rouquette, notaire Royal

Témoins de l'affaire :

- Antoine Cabanette                                                - Jean Pezet

-  Françoise Besombes                                           le prêtre, curé de Graissac

-  Antoine Mestre                                                       - le vicaire de Graissac, Maître Jean Besombes

-  Catherine Dangles                                                - Jean Rieu

 Tous raconteront ce qu'ils ont vu et entendu concernant cette affaire.

 

 
 

 

Issue de l'affaire : Décret de prise de corps du 4 août 1757, envers Gabriel Vayssière

Gabriel Vayssière -bourgeois- fût arrêté le 29 août 1757 au point du jour, avec fraction des portes de sa maison par 4 cavaliers de la maréchaussée de la brigade de Mur-de-Barrez. Il a été conduit à la prison de Thénières sans même qu'il eut copie du décret, ou qu'on ait procédé à son interrogatoire…

Le lendemain, le 30 août 1757, eut lieu son interrogatoire (où il affirma qu'il était allé à Graissac pour prendre un milicien absent au tirage au sort…mais qu'il n'a lui, tiré aucun coup de fusil…)

A peine 3 jours plus tard, ledit Vayssière emprisonné s'est évadé des prions de Thénières.

Etant entré dans ledit Château, Joseph Martin, geôlier des prisons a dit "Que la clé de la première porte étant "foirée"

A ne pouvoir l'ouvrir, il a mis ledit Vayssière dans une chambre du Château. Et qu'ayant été obligé hier après-midi de sortir, et ayant fermé le tout à clé, Vayssière pendant son absence serait descendu par la fenêtre de la chambre au moyen d'une corde….Corde qui effectivement traversait l'embrasure de la fenêtre, attachée par 3 nœuds. La corde rejoignait le rez-de-chaussée, la fenêtre étant a à peu près 4 cannes[1] de hauteur.

 Et l'affaire rebondie, il y eut des témoins de cette évasion ! 

-          Antoine Goutal : …ni parent -ni allié- ni serviteur ou domestique d'aucune des parties…vers 2 heurs de l'après-midi, étant sur la porte de chez son père, il vit un homme qu'il ne reconnut pas qui descendit d'une fenêtre du Château, et par sa façon de descendre, il comprit qu'il descendait au moyen d'une corde…

 -          Antoinette Goutal : … sœur du précédent …même déposition, en précisant homme habillé de minime[2]

 -          Marie Entraygues … même déposition que précédemment

 

La fin de "l'histoire" est un peu décevante, le lecteur restera sur sa fin !

En effet, concernant les autres attaquants, il est simplement mentionné que ceux-ci firent leurs interrogatoires (le 14 septembre, puis le 22 …), mais avec leurs jurements habituels, ils dénièrent fermement certains faits à eux reprochés.

Concernant le prisonnier évadé… il disparut dans la nature …

Par cette histoire, Raymond Rouquette a souhaité nous proposer certes, une affaire de Justice -suite à bagarre entre 2 villages- mais aussi et surtout, il a voulu présenter un fait divers à Thénières.

Preuve qu'il y avait en ce lieu une réelle vie de Château, témoignages à l'appui.

 R.Rouquette FA -52-53-54-55-59-

 

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[1] Une canne = environ 2 mètres. Donc la fenêtre était à environ 8 mètres du sol.

[2] Comprendre : légèrement vêtu  

 

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Dernières modifications : 08/02/2007

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Laurence Charreyre